SPECTACLE :
Cocteau : du Visible à l'Invisible
Cocteau : du Visible à l'Invisible
Date de création 2003.
- Théâtre de Lenche Marseille (2003)
- Théâtre du Tambour Royal Paris (2007)
- Friche du Panier Marseille (2010)
- Musée des Lettres et Manuscrits Paris (2014)
13 Février 2014
Cher Edouard Exerjean,
Nous avons hier soir navigué grâce à vous du « visible à l’invisible » et à la fois sur les ailes et sous les ailes de Jean Cocteau.
Vous avez été remarquable dans ce salon de musique de l’Institut des Lettres et des Manuscrits qui était prédestiné pour vous accueillir. Votre spectacle a tout le rythme¸ toute la fougue de vos passions. Les mots y fondent et y croustillent. On y trouve ce qui justifie notre passage sur cette planète : la petite musique de l’âme qui ne s’éteindra jamais malgré la terrible persistance de toutes les barbaries humaines. Vous êtes à la fois un orpailleur, un passeur et hier soir s’il vous avait écouté Erik Satie n’aurait pas voulu « emmerder l’art » comme il le disait un soir de désespoir , dans une lettre adressée à son amie Valentine Gross, le vendredi 23 aout 1918. « Chère Valentine. Je souffre trop. Il me semble que je suis maudit. Cette vie de ‘mendigot’ me répugne. Je cherche et voudrais trouver une place ― un emploi, quelque minime qu’il soit. J’emmerde l’Art : je lui dois trop de « rasoireries ». C’est un métier de « con » ― si j’ose dire, que celui d’artiste. »
Le métier d’artiste n’est pas un métier de con. Vous l’exercez si bien. Je vous dédie ce père Noël de Jean Cocteau daté de 1961 dix ans après sa lettre ouverte à Mauriac qui l’accusait aussi d‘avoir contribué à l’holocauste du père noël organisé par l’église à Dijon en 1951.
Avec toute ma sympathie admirative. Jean-Pierre Guéno
extrait(s) vidéo
du spectacle
programme
- De mon enfance (La Difficulté d’Etre)
- Suis-je ? (Anthologie Poétique)
- Le Menteur (Théâtre de Poche)
- M’entrent par une oreille… (Clair Obscur)
- Francis Poulenc : Mouvements Perpétuels
- Assez Modéré – Très modéré – Alerte
- La Langue Française (Appoggiatures)
- Jean Wiener : Chicken réel (Histoires sans paroles)
- La France est actuellement le pays le plus riche…
- L’erreur de ce monde…
11 Octobre 1951 : L’Amérique est en train d’acheter tout… L’erreur terrible de l’Orient
Il y a deux esprits dans le domaine des affaires… (Le Passé Défini)
- Georges Auric : Valse (Neuf pièces brèves)
- Le Palais Royal (La Difficulté d’Etre)
- Je n’ai jamais d’argent… (Plain-Chant)
- Le quinzième Prélude de Chopin (Le Prince Frivole)
- Frédéric Chopin : Prélude n°15
- Pourquoi faites-vous des pièces ?... (Journal d’un Inconnu)
- Lorsque mes successeurs … (Plain-Chant)
- Plus j’avance en âge…
Il est admirable…
Hier, dans le Figaro… (Le Passé Défini)
- Jean Wiener : Histoires sans paroles
(Dans la rue – Un bon moyen – Amour – Action maligne – Choses militaires – Promenades)
- D’une histoire féline (Journal d’un inconnu)
- Henri Sauguet : Pièces Poétiques
- Visite à Schumann – Le chasseur perdu – Paul et Virginie – Jour de Fête
- De quoi donc est-il fait le rouge du théâtre ? (Poèmes Epars)
- Louis Durey : Dix Basquaises
- L’étoile du matin – Dame Madeleine
- Germaine Tailleferre : Romance
- Auric, Milhaud, Poulenc… (Plain-chant)
- Hommage à Erik Satie (Embarcadères 1917)
- Erik Satie : Le Picadilly
- Simone me fit connaître Anna de Noailles (Portraits - Souvenir)
- Francis Poulenc : Septième Improvisation
- Je t’accuse… (Le Passé Défini)
- Arthur Honegger : Vif (Sept pièces brèves)
- J’ai trop aimé (Clair – Obscur)
- Raymond était du ciel pour vingt ans en vacances (Opéra)
- Je voyage bien peu (Plain – Chant)
- Ma nuit (Poème à Jean Marais)
- La Mort n’agit pas elle-même (Clair – Obscur)
- Georges Auric : Romance sans paroles (Neuf pièces brèves)
- Discours de Réception à l’Académie Française (Extraits)
- Kurt Weill : Tango Habanera
- Postface (La Difficulté d’être)
- Darius Milhaud : Sorocaba – Gavea (Saudades do Brazil)
critiques
Les Carmes à Langon : Cocteau, une évocation touchante par Edouard Exerjean C'est en virtuose, aussi à l'aise dans le verbe que dans la musique, que s'est présenté Edouard Exerjean au Centre Culturel des Carmes. Habité par Cocteau, il a créé d'emblée une ambiguïté troublante. Rien d'âpre, d'artificiel dans ce spectacle où se côtoient fantaisie et tendresse. Des mots justes où se cachent une vive intelligence et une immense culture. A de petites touches de piano, pleines d'humour et d'amour, à des textes tissés de musique, il a ajouté quelques pigments d'ironie ou de drame et un brin de nostalgie. Communion étonnante entre l'artiste disparu et l'artiste vivant.
Anne Millet (Langon) Sud-Ouest du 12 Décembre 2011
Certains artistes sont incompris, d'autres maudits, d'autres encensés et d'autres méconnus. Jean Cocteau fait partie de cette dernière catégorie. Malgré ses multiples talents, cet artiste accompli n'a pas trouvé, dans ses oeuvres, le retentissement nécessaire pour devenir une figure artistique incontournable. Or c'était mérité. C'est ce que veut, en tout cas, mettre en avant la pièce. Le spectacle cherche à réhabiliter le talent d'un homme à travers un éloge posthume. Un éloge vibrant et passionné, fait par un Edouard Exerjean très en verve. Comédien hors pair, il clame avec force et conviction les textes de Cocteau, sélectionnés avec soin. Ces textes, d'une puissance poétique étourdissante, passent en revue les grands pans de la vie de l'homme et de l'artiste. Ses amours, ses révoltes, ses critiques, son humour. Tour à tour abîmé par la cruauté décevante de certains écrivains (tel François Mauriac qui attaqua ostensiblement l'une de ses pièces), séduit par la beauté de son amant et révolté par l'hypocrisie d'une société ampoulée où il ne trouve pas sa place, le spectateur découvre un homme sensible et brillant, qui a su domestiquer merveilleusement la langue française. Des mots mis en musique La splendeur des textes est rehaussée par des morceaux de piano qui illustrent les différentes lectures. Edouard Exerjean, avec une grâce royale et une fougue contenue, joue des compositions d'artistes classiques et contemporains. A Frédéric Chopin succèdent des morceaux d'Erik Satie, de Francis Poulenc, d'Arthur Honegger, de Darius Milhaud, de Georges Auric, de Louis Durey ou encore de Germaine Tailleferre. Autant de compositeurs qui constituaient le Groupe des Six, formé par Cocteau dans les années 1920. Pianiste de renom, Edouard Exerjean témoigne d'une maîtrise exemplaire de l'instrument. Son doigté est fluide, net, précis et énergique. Ses mains courent sur le piano avec une rapidité déconcertante. Son jeu envoûte le spectateur, qui voyage au gré de ses notes frappées ou caressées. La magie du spectacle réside en cette communion étonnante entre l'artiste disparu qu'est Cocteau et l'artiste vivant qu'est Exerjean. Ce dernier s'est si bien approprié les textes qu'une confusion entre l'auteur et l'interprète se produit. La pièce en ressort alors plus authentique et vivante, et les lectures, plus proches du conte que de la simple récitation théâtrale.
Cécile STROUK (Paris) ruedutheatre.com Jeudi 8 novembre 2007
Lise de Rocquigny Pariscope
... Entre deux textes, entre deux clins d'oeil, les partitions sautillent,chaloupent, se font graves ou brillantes, jouées par un pianiste qui, manifestement, les aime et s'y sent à l'aise, tout comme dans ces textes choisis avec autant d'amour que de compétence... Au final, on a envie de revoir les films de ce génial touche-à-tout qu'est Cocteau, de relire ses textes, de retourner entendre Edouard Exerjean! On sourit, on rit, on savoure, bref, on aime.
Gérard GEFEN - La Lettre du Musicien N°157 - Janvier 1995
... Entre tous les arts qu'il pratique, Cocteau ne veut pas choisir. Edouard Exerjean, lui aussi, ne choisira pas. Lui-même pratiquant, on le sait, comédie et musique avec un égal bonheur.C'est peut-être de cette ambivalence que l'artiste tire cette portion de génie qui lui donne la capacité de faire revivre, avec un talent qui n'appartient qu'à lui, les personnages tenant le haut de l'affiche de son spectacle. Présent, et en même temps transparent, il abandonne sa peau d'Edouard Exerjean, comme une mue, pour incarner l'âme profonde de ses héros... De Cocteau, toutes les facettes sont visibles, une à une. Les mots et les maux... Le tout relié harmonieusement par les notes d'un piano où les oeuvres du Groupe des Six, - il ne pouvait pas en être autrement -, se taillent la part du lion, mais où Chopin et Kurt Weill donnent eux aussi une part de bonheur... Un spectacle intelligent qu'il est urgent d'apprécier.
Michel EGEA - La Provence du 18 Janvier 2010
Gérard GEFEN - La Lettre du Musicien N°157 - Janvier 1995