SPECTACLE :
Sacha & Môa

Sacha & Môa

Date de création 1994.

- Théâtre de Lenche Marseille (Mai 2012)
- Mise en jeu : Maurice Vinçon
- Piano et jeu : Edouard Exerjean
- Photos : Christiane Robin
- Montage de textes de Sacha Guitry


Pour qui connaît Edouard Exerjean ou au moins a vu un de ses spectacles, il paraît inévitable qu'il devait se confronter un jour à Sacha Guitry. Pas seulement parce qu'ils utilisent l'un comme l'autre une langue française riche, nuancée et châtiée, parce qu'ils font preuve à tout moment de vivacité d'esprit, d'humour et d'une aptitude à la repartie à la fois drôle, tendre et vache, parce qu'ils sont curieux des oeuvres de la littérature, du théâtre, de la musique ou du cinéma avec le plus grand éclectisme en même temps que la plus grande exigence, ou simplement parce que pour l'un comme pour l'autre « ce qui ne passionne pas ennuie ».

Au-delà de tout ce qui précède, ils devaient aussi se rencontrer parce que l'oeuvre de Guitry dissimule sous une couverture de paillettes des trésors qu'un explorateur comme Exerjean devait découvrir et mettre en évidence.

Ce qu'il a entrepris il y a quelques années avec Jean Cocteau (« Du visible à l'invisible ») se poursuit donc avec Sacha Guitry. D'ailleurs, même si leurs styles sont totalement différents, Cocteau et Guitry ont bien des points communs. Leur vie mondaine, accompagnée de nombreux bons mots que chacun aime à répéter, a trompé les observateurs superficiels qui n'ont pas su apercevoir au-delà de cette apparence une réflexion et une profondeur qui ne souhaitent pas se mettre en avant. « Mémoires d'un Tricheur », bien sûr, son unique roman, mais aussi ses souvenirs du temps de l'occupation allemande, ou un film documentaire peu connu, « Ceux de chez nous », permettent de traverser le miroir et d'apercevoir un homme sensible, généreux et finalement si peu ostentatoire. Comme Cocteau témoignant pour sauver Jean Genet, Guitry se met aussi en péril en intervenant pour éviter la déportation à Tristan Bernard.

Ce spectacle permettra de retrouver tout Guitry, aussi bien celui que tout le monde connaît, brillant, pétillant, amusant et acerbe, mais aussi celui plus secret, profond, sincère et tendre qu'on a tendance à méconnaître.

Et, bien sûr, soutenant ces textes, Edouard Exerjean jouera au piano les musiciens qui accompagnèrent Guitry, ou qu'il a aimé et dont il a parlé avec tant de talent.

FICHE TECHNIQUE

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Lumière
- 1 Pupitre à mémoire 48 circuits
- 19 PC 1000W
- 3 Découpes 613 SX
- 6 Découpes 614 ES
- 4 PAR 64 équipés en CP 60
- 2 TBA (Mini découpes 650W ou 2 découpes 614 de plus

Son
- 1 Piano à queue (minimum grand quart de queue)
10

Espace
- Ouverture : 7m
- Profondeur : 8m
- Hauteur : 5m
- Possibilité d'accroche sur scène de 3 panneaux (env. 2x1m) légers

Décor
- 1 Chaise
- 1 Table
- 1 Fauteuil
- 1 Porte-manteau (façon perroquet)

Temps de montage et personnel
- 1 Régisseur & 1 Electro 2 services pour montage-réglage-conduite Et 1 Régisseur pour 1 service de répétition

critiques

Sortir - La Provence
C'est un exercice auquel il se plie avec délectation. Le pianiste Edouard Exerjean mêle habilement son plaisir des mots à celui de la musique en consacrant un spectacle à une personnalité artistique un peu hors du commun. Après Cocteau et Colette, le voilà qui se penche sur la vie et l'oeuvre de Sacha Guitry. Pour le plaisir de dérouler une langue élaborée, finement ciselée, avec cette pointe d'humour qui fait la marque des grands artistes.
Sortir - La Provence - Du 09 au 15 mai 2012
Gisèle Laval, La Marseillaise
Sur la scène du théâtre de Lenche, mercredi soir, Edouard Exerjean entamait sa carte blanche avec Sacha Guitry -les personnalités des deux hommes s'accordant fort bien-, évoquant à merveille son esprit railleur et son ironie, mais aussi ses déboires. Sacha et Moâ, mis en scène par Maurice Vinçon, permet au comédien pianiste de se livrer à un exercice qu'il maîtrise parfaitement. Durant 90 minutes, Exerjean, seul en scène, occupe l'espace, entre trois meubles de grande beauté et un piano, dans des lumières qui ciblent également quelques portraits de Guitry, du dandy à l'homme mûr et dûment chapeauté. De l'autoportrait plein d'humour du dramaturge en passant par une hilarante histoire de champignons, on arrive à un plaidoyer pour réhabiliter Sacha Guitry qui connut aussi la prison après la guerre. Entre ces textes (dont l'un est d'une actualité aussi drôle que brûlante), joués avec conviction et grande efficacité par Exerjean, s'intercalent des pages de piano : de Debussy, une valse primesautière de Reynaldo Hahn, une tendre barcarolle de Tchaïkovski, Ibert et Mozart. Sans oublier une mélodie drolatique de Messager où notre pianiste montre qu'il peut aussi être chanteur. Et si la Scala n'est pas pour demain, il joue à loisir de ses imperfections, qui ajoutent au comique de l'histoire..
Gisèle Laval - La Marseillaise - Vendredi 11 mai 2012
Philippe Faner, La Provence
Il arrive, l'air pressé, parmi les spectateurs, sans même avoir pris le temps d'ôter son pardessus. « Il est curieux que je ne puisse pas me trouver une excuse pour justifier mon retard », dit Edouard Exerjean, l'air faussement désolé, en arrivant sur scène. Le comédien on l'a compris, est d'entrée de jeu dans la peau et dans les mots du personnage qu'il incarne : Sacha Guitry. Comme lui, Edouard Exerjean partage le goût des jolies choses et des belles tournures, avec cette pointe d'humour caustique et d'ironie mordante qui sont le trait de caractère commun du grand esprit. Un bureau, un fauteuil, un portemanteau recréent l'intimité de l'intérieur de celui qui fût à la foi comédien, dramaturge, metteur en scène, réalisateur et scénariste. Et sur la gauche de la scène, un piano est là pour nous rappeler qu'Edouard Exerjean est également un musicien. Très vite le monologue en vient à évoquer le rapport que Guitry entretenait avec les femmes : une relation très spéciale, pas toujours à son avantage, qui lui fait avouer que « Dire du mal des femmes c'est marquer l'importance qu'elles ont ». Entre deux évocations pleines de finesse, Edouard Exerjean vient dialoguer avec son instrument pour évoquer Claude Debussy ou entamer une valse inspirée de Reynaldo Hahn. Dans le texte, les rapports orageux avec son père Lucien, le théâtre, la période trouble de l'occupation et la prison qui s'ensuivit, servent de fil conducteur à cette création. Une évocation réussie, qui donne une envie irrépressible de se plonger dans l'oeuvre du vrai personnage.
Gérard GEFEN - La Lettre du Musicien N°157 - Janvier 1995

Détails du spectacle :